Des hypothèses plutôt conservatrices
Nos estimations partent de l’hypothèse du lancement des projets en cours de développement dans les NTE. Pour ces spécialités, les études cliniques seront réalisées entre 2025 et 2027. Dans un second temps, les approbations réglementaires devraient déclencher les lancements commerciaux attendus entre 2025 et 2026 (Midazolam en particulier sous l’appellation commerciale “Zepizure”); Nos estimations reposent sur les hypothèses suivantes : tout d’abord, la commercialisation des produits sera assurée par des accords de partenariat. Crossject percevra donc des commissions initiales et des droits, les premières finançant en partie les études cliniques. Globalement, cela revient à considérer que le chiffre d’affaires de Crossject ne représente qu’une fraction (40%) du prix d’achat de l’utilisateur final, la différence représentant la marge du distributeur/grossiste pour la prise en charge des coûts de logistique et de marketing. Nous avons également intégré un facteur de risque : de 10 à 50% selon les produits. Ces hypothèses paraîssent raisonnables et plutôt conservatrices compte tenu du fait que le processus lié au dépôt d’enregistrement est nettement plus simple et, finalement, beaucoup plus rapide que pour les nouveaux composés (pour lesquels 10 ans sont généralement nécessaires entre les stades précoces de développement à la mise sur le marché). Pour les « supergénériques », le délai nécessaire est plus proche de 3 ans selon le produit et les pays concernés. Selon nous, il devrait être toujours inférieur à cinq ans. L’efficacité des molécules a déjà été prouvée (comme l’absence de toxicité). Les demandes d’approbation pour les NTE ne devant exiger que des études de bioéquivalence (et non pas l’ensemble des enquêtes cliniques), leur coût est réduit (entre 3 m€ et 4 m€ contre 200 m€ pour une nouvelle molécule, c’est à dire pour un nouveau médicament) comme, ce qui est tout aussi important, le délai nécessaire avant la mise sur le marché des produits. En bref, les dossiers déposés (FDA et EMA) se concentreront alors uniquement sur la fiabilité du produit (dossier technique) et les résultats en termes de bioéquivalence.
Nos prévisions sont prudentes
Par conséquent, nos estimations s’appuient sur les hypothèses du groupe en termes de ventes d’unités (c’est-à-dire de dispositifs Zeneo) et de montée en puissance du lancement commercial jusqu’à l’arrivée à maturité de chaque sous-segment de marché (chaque NTE), avec une probabilité associée au risque pesant à la fois sur le processus d’approbation et sur la recherche d’un partenaire adéquat. S’il paraît difficile d’estimer à un stade aussi précoce les gains de parts de marché de Crossject dans chaque sous-segment du marché, les objectifs du groupe sont raisonnables (parts de marché comprises entre 10 et 20%, sauf pour l’hydrocortisone pour lequel le groupe affirme être en mesure de contrôler 30% de ce petit marché). Pour rester prudents, nous avons également retenu l’hypothèse que ces objectifs en termes de parts de marché ne seront pas atteints avant 2030, soit trois à cinq ans après le lancement sur le marché des différents « supergénériques ».
A titre d’exemple, si nous avons retenu le scénario d’un lancement d’adrénaline sur le marché en 2027, nous avons supposé une probabilité de 60% et que Crossject va vendre 2,5m de doses par an d’ici à 2029 (avec un objectif à terme de 2 m) au prix de €40 en Europe et de US$200 aux États-Unis. En théorie, des telles ventes représenteraient un chiffre d’affaires de €160m d’ici 2028 (au prix de l’utilisateur final), ou de €112m compte tenu de la probabilité de 70% que nous associons à ce NTE (d’un point de vue comptable, Crossject ne percevra que 45% d’un chiffre d’affaires qui apparaîtra dans les comptes de son partenaire).
Enfin, le groupe sera très exposé au dollar américain, d’abord parce que les volumes seront importants aux États-Unis et ensuite parce que les prix y seront nettement plus élevés (entre cinq et six fois supérieurs à ceux en vigueur dans l’UE). La majeure partie des coûts étant libellés en euros, l’impact ne se limitera pas aux seuls effets de change (parité USD/€).