Changement de réseau de distribution
Constatant qu’il n’avait pas grand-chose à ajouter à l’offre chinoise sophistiquée et prête à voler, Drone Volt a rapidement abandonné tout effort en matière de personnalisation. Le groupe a toutefois conservé la ligne “acheter pour vendre”, aux marges d’exploitation plus faibles (entre 5% et 10%) mais encore intéressantes. Ce segment donne accès à des ventes croisées. Il offre à Drone Volt la possibilité de pénétrer des marchés en proposant ses services et ses formations ainsi qu’en développant ses propres produits.
Reprendre le contrôle de la valeur ajoutée
Grâce à la mise sur pied d’une équipe de R&D dédiée à la chaîne de montage en 2016 et à l’acquisition d’Aerialtronics, Drone Volt s’est donné les moyens de vendre des drones conçus en interne, ainsi que des caméras intégrant des solutions d’intelligence artificielle, pouvant être personnalisés pour répondre aux besoins des clients. Au lieu d’élaborer des chaînes de fabrication, Drone Volt se concentre exclusivement sur la conception et l’assemblage des pièces détachées, la production elle-même étant sous-traitée. Si elle implique le transfert d’une partie de la valeur ajoutée à un partenaire externe, une telle organisation autorise une plus grande flexibilité et est favorable aux marges globales en raison de la faiblesse attendue des volumes par rapport à ceux nécessaires pour amortir entièrement une usine, le volume de la production au sein du groupe des machines conçues en interne demeurant probablement marginal. Drone Volt conserve cependant le contrôle total des systèmes de gestion de vol, ainsi que des logiciels d’intelligence artificielle, lui permettant de garder la main à la fois sur les prix et sur la rentabilité. Nous estimons la marge brute sur son drone et ses caméras intelligentes à environ 50%.
La puissance des solutions clé en main
Répondre aux besoins des clients professionnels a permis le développement d’une offre intégrée, reliant les engins à des services tels que la formation et l’enregistrement administratif, une tendance soutenant les marges. La DGAC exige que l’opérateur soit formé. Drone Volt a donc créé une académie pour enseigner les règles théoriques et pratiques aux pilotes, avec l’avantage d’utiliser le même engin que celui qui sera mobilisé pour les opérations commerciales. De plus, grâce aux échanges nourris avec la DGAC et à sa parfaite connaissance de la réglementation, le groupe peut faciliter les lourdes démarches administratives imposées dans le cadre de l’exploitation commerciale des drones. La réglementation étant de plus en plus complexe, ces services sont appelés à contribuer plus fortement au chiffre d’affaires (avec une marge brute estimée à environ 70%). En effet, les clients finaux exigent généralement qu’une plateforme soit opérationnelle le plus rapidement possible. Constituant un levier commercial important, les services sont pour la plupart intégrés dans le prix d’achat des machines.
Les options pour se diversifier davantage et ne plus dépendre du hardware
En outre, le modèle d’entreprise pourrait être complété d’une nouvelle activité. Cette dernière n’est toutefois actuellement qu’un projet, n’ayant pas encore apporté la preuve de sa viabilité. Elle est liée aux procédés de vision par ordinateur développées en interne par Aerialtronics, qui pourrait, à terme, devenir une division à part entière. En effet, le logiciel pourrait être installé sur d’autres plateformes (pas seulement la caméra Pensar) et être personnalisé pour un large éventail d’utilisations. Toutefois, compte tenu de la grande incertitude concernant le développement commercial de cette activité, nos estimations ne tiennent compte que des perspectives pour les trois premiers segments évoqués ci-dessus.
Projection pour 2024
2022 a été surtout marquée par l’échec d’Aquiline qui a amputé une bonne partie de l’activité industrielle espérée. En revanche, 2023 a vu un rebond de l’activité de distribution avec une grosse commande de 20 millions d’euros. Les marges sont évidemment faibles (moins de 10%) mais n’immobilisent pas de capital. En 2024, le début de la commercialisation de Kobra et le développement du drone as a service devraient permettre à l’EBITDA de devenir positif en 2025.