Drone Volt est une société française établie à Villepinte, près de l’aéroport international de Roissy-Charles de Gaulle. Fondé par Dimitri Batsis, le groupe est spécialisé dans la conception, l’assemblage et la distribution de drones aériens télécommandés, ainsi que dans les services, formations et logiciels associés. Ses produits s’adressent à une large gamme de marchés et de clients, allant du grand public aux usages civils professionnels, notamment dans les secteurs de la sécurité, de l’inspection, du transport et de la topographie.
Les principales activités de la société comprennent le développement de produits, l’ingénierie et la conception, ainsi que la fabrication de matériel, de capteurs volants, de plateformes de traitement de données et de drones. Afin d’améliorer les services offerts à la clientèle, la société a également développé une expertise en matière de logiciels et d’intelligence artificielle, allant jusqu’à proposer des solutions clés en main. Drone Volt assure également un service après-vente et dispense des formations aux pilotes de drones sur le fonctionnement de ses équipements et sur la réglementation. Depuis 2023, le groupe a également développé un nouveau service, Drone Volt Expert, proposant une gamme complète de prestations en vue d’une utilisation ad hoc, loin de la vente pure et simple de drones.
Le groupe Drone Volt est présent en France et à l’étranger au travers de ses filiales au Danemark, au Benelux, au Canada, aux Pays-Bas et de ses agents aux États-Unis et en Suisse.
L’ensemble du marché devrait afficher une forte croissance
Le groupe opère sur un marché à très fort potentiel, mais actuellement encore très immature, et ce pour plusieurs raisons. Datant des années 70, la technologie a longtemps été réservée à un usage militaire. Elle n’a été étendue au domaine civil que depuis quelques années, aidée par les progrès en matière de miniaturisation et la baisse des coûts.
En termes de prévisions sur le secteur, selon Straits Research dans un rapport publié en juillet 2024, le marché mondial des drones commerciaux était alors estimé à 26,34md$ en 2023 et devrait atteindre 82.45md$ d’ici 2032 et afficher un taux de croissance annuel moyen de 13,5% sur la période de prévision allant de 2024 à 2032. Le rythme de la croissance devrait également s’accélérer à la fin de cette période, lorsque les principaux contributeurs en termes de dépenses civiles liées aux drones seront l’agriculture, l’immobilier/infrastructure, et l’énergie/électricité. En outre, dans un rapport publié en décembre 2023, Teal Group prévoit que la production totale de drones non militaires (UAS) atteindra 149,8md$, avec un bond de 8,2md$ en 2023 à 19,5md$ en 2031 correspondant à un TMVA de 10,1%. L’étude comprend des prévisions concernant l’équipement des commerces, des ménages et du public non-militaire.
D’ici 2030, l’agriculture deviendra le marché final le plus important à l’échelle mondiale en raison de l’importance des subventions chinoises à la pulvérisation par drone agricole et de l’introduction d’UAS plus avancés mais à des prix plus raisonnables, en particulier pour les petites exploitations.
Le marché du drone comprend quatre types d’intervenants :
*Les assembleurs, qui peuvent acheter ou concevoir leurs propres composants, et les assembler pour créer des plateformes de drones opérationnelles.
- Les distributeurs, qui opèrent généralement sur le segment des ménages.
- Les opérateurs, qui font fonctionner les drones dans diverses conditions et pour différents usages.
- Les organismes de formation, qui entraînent et certifient les pilotes désireux d’opérer en respectant la réglementation.
Un marché très fragmenté, en pleine mutation et à la recherche de la rentabilité économique
Malgré des perspectives de croissance impressionnantes, et alors même qu’il doit encore apporter la preuve de sa viabilité économique, le marché se situe au début du cycle de vie du produit, avec une adoption et un usage relativement précoces, et se caractérise par sa fragmentation extrême avec une myriade de petits intervenants. De fait, le secteur est très concurrentiel, certains acteurs (les plus petits) faisant baisser les prix en ayant recours aux drones de loisir, avec une valeur ajoutée du service offert très faible. Cela explique en partie le grand nombre de faillites observées ces dernières années et les difficultés rencontrées par certaines entreprises, très peu d’entre elles étant actuellement rentables. Pour progresser sur l’échelle de la valeur ajoutée, les acteurs passent donc du statut de « détaillant » à celui de concepteur/assembleur.
Le marché des drones doit faire face à un certain nombre d’obstacles, dont la peur du changement. Ayant servis de tests dans un premier temps, les contrats sont relativement petits. Il était en effet d’abord nécessaire de connaître et d’assimiler la technologie pour pouvoir ensuite faire croître les volumes et la transformer en ventes croisées. Un deuxième obstacle est davantage lié aux contraintes réglementaires sur les vols de drones, qui n’en sont qu’aux premiers stades, en l’absence d’harmonisation entre les pays ou entre les régions.
Une réglementation croissante
Pouvant dans un premier temps représenter un obstacle, l’élaboration d’un cadre réglementaire exhaustif devrait, selon nous, libérer la demande en autorisant le vol des drones, la formation des pilotes et en clarifiant les questions d’assurance. En effet, en l’absence de réglementation, compte tenu d’un vide juridique dans un grand nombre de pays, le développement du secteur a été poussif, les opérateurs ne pouvant pas s’appuyer sur des règles précises, posant des problèmes d’assurance lorsque le vol des drones n’était pas tout simplement interdit. Aux États-Unis, il n’y a pas eu de réglementation fédérale pendant longtemps, ouvrant la voie à l’expérimentation à l’échelle locale, jusqu’à ce que la Federal Aviation Administration (FAA) fixe des règles contraignantes début 2015, avant de les assouplir légèrement mi-2016. La crise sanitaire de 2020 liée à la Covid-19 a toutefois accéléré ce qui parait être une tendance de fond. La FAA a autorisé deux entreprises de drones à livrer équipements et produits aux hôpitaux.
De son côté, la France a été pionnière sur le segment. Selon la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), le pays occupe la troisième place mondiale en termes de nombre de pilotes de drones. La DGAC a établi dès avril 2012 quatre différents scénarios (pour plus de détails, voir la section « En savoir plus ») encadrant l’exploitation des drones aériens avec des règles précises. La réglementation française est également très stricte concernant les différents enregistrements et certifications nécessaires tant pour les fabricants de drones, les opérateurs, les pilotes et les autorisations de vol, établissant un cadre réglementaire certes complexe, mais offrant de réelles opportunités commerciales. Cependant, cet ensemble de règle a été ajusté dans la perspective des nouvelles règles européennes (publiées en juin 2019) qui se sont substituées progressivement au droit national afin de contribuer à l’émergence d’un marché européen pour le secteur du drone. En place en janvier 2021, la première réglementation a défini les différents types d’utilisation des drones. La grande étape suivante consistera à instaurer l’espace-U à l’échelle européenne pour permettre la gestion du trafic des drones (a commencé à être mise en œuvre en 2023).
En attendant, l’accent est mis sur la formation et la traçabilité. Une formation et une évaluation en ligne sont proposées pour sensibiliser les télépilotes des drones de loisir pesant plus de 800 grammes aux règles de base en matière de sécurité, de circulation aérienne et de vie privée. Formation théorique et pratique pour les télépilotes professionnels quelque peu comparable, mais moins exigeante, que la licence de pilote privé (PPL) et centrée sur le maniement des drones, le certificat d’aptitude théorique a été créé. Enfin, des consignes de sécurité sont désormais consignées dans les emballages. En outre, les drones de plus de 800 grammes sont enregistrés administrativement.
Le marché potentiel
Grâce à ses produits haut de gamme et hautement personnalisés, Drone Volt s’adresse aux marchés de niche de la sécurité civile, de l’inspection et de la surveillance. Dans l’industrie, ses produits peuvent être utilisés dans un large éventail de domaines, tels que l’inspection de turbines électriques ou de parcs éoliens pour le compte d’entreprises de services publics comme Vietnam Electricity ou Hydro-Quebec. La numérisation de plus en plus poussée de ce dernier secteur sur fond de transition vers les énergies renouvelables obligeant les intervenants à abaisser leurs coûts d’exploitation devrait, selon nous, offrir de nombreuses opportunités à l’entreprise. Les tâches de maintenance et la surveillance des performances du réseau par drone peuvent en effet contribuer à réduire les coûts, tout en améliorant la qualité grâce au recours à l’intelligence artificielle (IA). Les tâches risquées en matière d’inspection, généralement effectuées à prix coûteux soit par des humains, soit par des hélicoptères ou des avions, pourraient à terme être confiées à des drones. Dans une étude publiée en mai 2016, PwC a estimé à 9,46md$ le marché potentiel des solutions reposant sur les drones dans les secteurs de l’électricité et des services publics. À ce jour, Drone Volt a décroché un important contrat avec le gestionnaire de réseau RTE pour équiper le groupe en drones d’inspection. Les produits peuvent également servir à l’inspection des tours de télécommunication ou à la surveillance des sites industriels. L’IA, lorsqu’elle est embarquée sur un drone, peut effectuer des tâches rapidement et efficacement avec peu de ressources en repérant automatiquement les points de divergences ou les sources d’inefficacités par rapport à un schéma préétabli (impact sur les éoliennes, sur les lignes à haute tension, etc.). Permettant de réduire les coûts et d’améliorer la sécurité, un tel progrès peut véritablement changer la donne pour un certain nombre de secteur.
En outre, grâce à son savoir-faire et à son expertise en IA, le groupe peut éventuellement proposer des solutions purement logicielles en matière de vision par ordinateur. Dépassant son champ d’action initial, l’offre devient de fait beaucoup plus élargie (permettant notamment des « villes intelligentes », la production et la logistique pour le contrôle de la qualité, etc.).
Enfin, avec son drone Kobra fabriqué en Europe, l’entreprise peut s’adresser aux marchés militaire et de la sécurité intérieure, sans presque aucun concurrent sur les marchés européen et nord-américain en raison de l’interdiction des drones chinois (DJI détenant une part de marché de 95 % sur le marché des drones civils).
De distributeur à designer et prestataire de services
L’activité de Drone Volt est organisée autour de deux grands volets :
- La distribution : vente de drones à de marques tierces
- Drone Volt Factory, Services & Academy : vente de ses propres drones, drone as a service, service après-vente et formation
La société a démarré son activité en assemblant et en distribuant des pièces détachées et des systèmes de drones provenant d’autres fabricants, comme le chinois DJI. Ces produits étaient destinés au marché des particuliers et s’adressaient à une petite fraction de clients bien informés faisant l’acquisition de pièces de rechange pour des systèmes qu’ils construisaient eux-mêmes. Le segment (distribution) contribue toujours à l’activité par le biais d’un modèle de distribution en gros.
Depuis 2016, et sous l’impulsion de l’équipe de direction arrivée en 2012, le groupe s’est progressivement tourné vers le marché des drones professionnels, plus lucratif et offrant des opportunités toujours plus nombreuses. Drone Volt Factory (DVF) propose une chaîne de services intégrée, allant du développement maison de systèmes de drones (Hercule) à la formation et au soutien administratif pour se conformer à la réglementation française. Cette intégration constitue un atout commercial et marketing, le client faisant l’acquisition d’un produit clé en main pratiquement immédiatement. Alors qu’elle a initialement mobilisé des capacités de R&D, de production et de développement, cette activité peut désormais être en grande partie sous-traitée. La France bénéficie d’un tissu industriel très dense dans l’aéronautique qui assure également une certaine flexibilité en termes d’opex. En outre, la gamme Hercule nécessitant de plus grands besoins en service après-vente et maintenance que l’activité de distribution (de marques tierces), elle permet une meilleure rationalisation des flux de trésorerie. En 2017, Drone Volt a acquis les activités de son concurrent Aerialtronics, ajoutant le drone Altura Zenith, ainsi que la caméra intelligente Pensar, à son portefeuille de produits et renforçant dans le même temps ses capacités en R&D.
- DVF a été à l’origine d’une augmentation progressive de la valeur ajoutée
Partant de zéro dans le secteur professionnel, le groupe a dans un premier temps surtout assemblé des pièces détachées préexistantes, ce qui a limité sa capacité d’innovation et créé une situation de dépendance vis-à-vis de ses fournisseurs, mais lui a permis de développer une rapidité d’exécution.
Dans un second temps, des efforts en R&D ont permis au groupe de concevoir des pièces détachées personnalisées pour ses produits, à sa propre initiative ou afin de répondre aux demandes de ses clients. Améliorant la personnalisation ainsi que l’innovation, cette tendance s’est soldée par la création d’un certain nombre de drones innovants (tels que le Drone Spray) et a établi la réputation du groupe en tant qu’acteur majeur dans ce domaine. Alors que la base technique sous-jacente reste externe à DVF et que la majeure partie de la production est externalisée, ce niveau de personnalisation se limite aux « accessoires », mais il apporte un réel plus pour un coût limité.
Grâce au déploiement d’une chaîne d’assemblage pour drones conçus en interne, Drone Volt Factory a augmenté sa contribution à la chaîne de valeur. Le groupe poursuit sa stratégie de montée en gamme, à partir d’un design exclusif à partir de pièces détachées externes et du développement du logiciel associé, qui représente l’essentiel de la valeur ajoutée. En proposant à la fois système de drone, logiciel et services associés, Drone Volt offre désormais des solutions clés en main à ses clients.
La formation comme moteur de croissance
Parallèlement, nous estimons que le renforcement en cours de la réglementation encadrant le vol des drones partout dans le monde devrait soutenir : i) la demande de drones, et ii) les besoins en formations des télépilotes tant sur le fonctionnement de équipements que sur la réglementation plus strictes. Drone Volt a développé son expertise en matière de réglementation et de formation en France, dans le prolongement de la réglementation mise en place par la DGAC qui impose l’enregistrement des opérateurs, le dépôt de demandes auprès des préfectures pour obtenir les autorisations de vol, un stage de formation obligatoire pour les pilotes et l’obtention d’une certification. Drone Volt peut faciliter les procédures administratives en proposant des packs en supplément de chaque système de drone vendu et a créé Drone Volt Academy pour dispenser des sessions de formation aux futurs pilotes. Cette académie bénéficie de solides infrastructures à Villepinte, parmi lesquelles un hangar fermé permettant d’effectuer des sessions de vol en cas de mauvais temps. Détenant neuf centres de formation en Europe et en Amérique du Nord, Drove Volt peut désormais développer à l’étranger l’expertise acquise sur le sol français.
Drone as a service comme puissant moteur de croissance
Au-delà de la distribution et de la formation, le groupe a lancé en 2023 sa nouvelle offre « drone as a service » sous la marque Drone Volt Expert, tournée davantage vers l’utilisation des drones et non plus la vente physique. Ce service a été mis en place au terme de l’acquisition des actifs d’Aeraccess Services et du recrutement de leurs anciens salariés (télépilotes). Le groupe n’a pas donné d’objectifs chiffrés pour cette nouvelle offre. Néanmoins, compte tenu des services à haute valeur ajoutée qu’elle propose, nous estimons que l’activité est des plus prometteuses et qu’elle devrait s’imposer à moyen terme comme le plus important contributeur au chiffre d’affaires. Cette offre s’adressera aux entreprises du secteur agricole. Elle devrait également faciliter les missions de topographie et d’inspection.
L’expansion à l’international renforcée par des partenariats et des accords de licence
La priorité a été dans un premier temps donnée à l’Europe, avec l’ouverture d’une filiale danoise début 2015. L’expansion à l’international s’est ensuite accélérée en 2016 avec la signature d’un contrat de distribution pour le Benelux, la Suisse, les États-Unis et le Canada. L’acquisition d’Aerialtronics en 2017 a également permis au groupe de nouer des relations avec des clients asiatiques.
Cependant, en parallèle de ces développements autofinancés, nous estimons que le groupe a récemment noué des relations très constructives avec un certain nombre d’acteurs outre-Atlantique pour étendre ses activités à l’Amérique du Nord à moindre coût.
Fin août 2020, le groupe a également annoncé la signature d’une lettre d’intention avec Aquiline Drones, cette dernière souhaitant produire le Hercules 2, le Zénith d’Altura et sa caméra Pensar au rythme impressionnant de 1 000 unités par mois. En 2022, Aquiline a dû renoncer à ses ambitions, faute de financement suffisant. Ses versements mensuels à Drone Volt liés aux droits de propriété intellectuelle se sont arrêtés. Drone Volt a assaini ses comptes suite aux déceptions d’Aquiline en 2022 en provisionnant les créances et la majeure partie de sa participation dans Aquiline. La relation commerciale avec cette dernière a été maintenue, Aquiline agissant pour le moment en tant que distributeur aux États-Unis.
En outre, un contrat très structuré a été annoncé en mars 2020 et signé en octobre 2020 par Drone Volt et Hydro-Québec. L’accord porte sur le développement industriel et la commercialisation exclusive d’un drone destiné à inspecter les lignes de transport d’électricité à haute tension. Ce contrat renforcera encore la crédibilité de Drone Volt dans le domaine de l’inspection des réseaux électriques, et qu’il devrait à terme permettre au groupe d’élargir son portefeuille de clients dans ce domaine. Une fois l’accord de partenariat industriel et commercial finalisé, Drone Volt pourra commercialiser le drone partout dans le monde. Les retards sur le front des spécifications et des plans ont conduit à une finalisation du projet un an plus tard que prévu, en 2022.